Historique du Piano

Le ShowRoom

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Tout part du grand ARC MUSICAL AFRICAIN.

Il s’agit d’un morceau de bois flexible sur lequel est tendue une corde. La corde peut être frottée, pincée ou frappée, le tout étant amplifié par un résonateur qui peut être une caisse de résonance de type calebasse, la cavité buccale, voire une cavité dans le sol.

EVOLUTION de l’arc africain à travers les siècles…

Le PSALTERION

Il existe depuis les temps bibliques en Orient, en Espagne, puis au Moyen-Age.

Le psaltérion apparaît vers 420 après JC, sorte de cithare: instrument à cordes pincées qui a parfois à son actif une vingtaine de cordes et une caisse de résonance en forme de « groin de porc ». Les cordes sont grattées avec des plectres (morceaux de corne).

Le Monocorde

Il fut inventé par Pythagore au VIème siècle avant J.C.

Le mathématicien et philosophe pense que toute chose est liée aux mathématiques, y compris la musique. Il découvre qu’il existe une relation entre la longueur d’une corde tendue que l’on fait vibrer et la hauteur du son émis: plus la corde est petite, plus le son est aigu. Pythagore crée alors un instrument, le monocorde, une simple corde tendue au dessus d’une sorte de caisse de résonance en bois (longue, étroite et graduée). On déplace sur ces graduations un chevalet mobile ou « curseur », ce qui permet d’allonger ou raccourcir la corde et donc de modifier la hauteur des notes, ainsi que d’obtenir les intervalles principaux: octave, tierce, quarte, quinte.

Exemples:

  • En plaçant le chevalet au milieu de la corde, elle donne l’octave du son initial:on obtient cette même note des deux côtés du chevalet.
  • En plaçant le chevalet aux 2/3 de la corde, on obtient la quinte du son initial; et, de l’autre côté du chevalet, au 1/3 restant, la douzième du son initial (octave + quinte) .

 On le fait sonner en pinçant la corde ou en la frottant avec un archet. Le monocorde sert à accorder les tuyaux d’orgue et les cloches jusqu’au Moyen-Age.

Rapidement, ce monocorde, simple outil de mesure, devient un instrument à part entière: on lui attribue davantage de cordes (jusqu’à 8 cordes au XIème siècle, voire 14 cordes au XIVème siècle !).

Le TYMPANON

Cordes frappées avec de petits maillets (depuis le Moyen-Age).

Il semblerait que cet instrument existe depuis fort longtemps en Iran où il s’appelle « santir » ou « santour » ; il s’agit d’un instrument classique prépondérant. Il aurait été importé par les gitans en Occident. Toujours est-il que les premières représentations d’un tympanon figurent dans des peintures italiennes d’environ 1430. Il est décrit à cette période par Arnaut de Zwolle : il est de forme rectangulaire et un chevalet divise les cordes par leur moitié (à l’octave 1:2), les cordes situées à gauche du chevalet sonnant une octave au-dessus de celles situées à droite. On l’appelle alors « dulce melos » (ou « doulcemelle »).

On utilise déjà de petits marteaux ou mailloches de bois pour frapper les cordes. Les cordes métalliques (3 ou 4 par note) sont accordées sur la droite. Comme il n’y a pas d’étouffoirs, le son n’est pas totalement étouffé ; d’autre part, les harmoniques continuent de vibrer après la disparition des fondamentales. 

Lorsque sa caisse (en pin ou cèdre) devient trapézoïdale, il prend le nom de « dulcimer ». On en fabrique de très beaux et ouvragés jusqu’au début du XVIIIè siècle. Cet instrument est fabriqué pendant tout le XVIIème et le XVIIIème en Italie entre autres, et en Allemagne (création du « pantaléon » par Hebenstreit en 1700).

Au XXème siècle, on en joue parfois avec les ongles en pinçant les cordes dans les pubs en Angleterre. En Hongrie, il prend le nom de « cembalum » ; il a ses propres pieds et est muni d’une pédale de sourdine. On en joue avec des baguettes entourées de laine (fabrication par la firme Schunda depuis 1874):

Jusqu’à ce que l’on adapte un clavier et un mécanisme permettant de gratter les cordes…

VIRGINAL, EPINETTE, CLAVECIN

Aux XVIème et XVIIème, le terme « virginal » désigne tous les instruments à cordes pincées et clavier. Ainsi, le recueil anglais « Fitzwilliam virginal book » pouvait-il être exécuté aussi bien sur un clavecin que sur un virginal ou une épinette.

L’ EPINETTE (dès le XVème) :

cet instrument est de dimensions modestes, à la caisse en forme d’aile d’oiseau et aux cordes placées à la perpendiculaire du clavier.

Le VIRGINAL

Il est l’instrument habituel de la bourgeoisie anglaise et flamande du XVIIème siècle; son nom viendrait de ce que c’étaient principalement les jeunes filles qui en jouaient.

Sa caisse est de forme rectangulaire, et les cordes sont placées à la perpendiculaire du clavier (les graves sur le devant). Le clavier est sur la gauche.

Au XVIIème siècle, les facteurs flamands donnent naissance au « MUSELAAR », virginal dont le clavier est placé sur la droite et dont les cordes sont pincées près de leur centre (d’où un son très sombre et généreux).

Le virginal n’a qu’un seul clavier et un seul jeu, à cause de la disposition des cordes qui sont presque parallèles au clavier – c’est également le cas des épinettes dont les cordes sont en biais.

Le CLAVECIN

C’est un instrument à la caisse en forme d’aile d’oiseau (comme une épinette); mais il est de grande taille puisque ses cordes sont placées dans le prolongement du clavier.

Italie :
Durant la première moitié du XVIème, le clavecin est un instrument de petite taille, avec un seul jeu de cordes, généralement de 4 octaves (mi1/do1-do5), sans étouffoirs.

Avant l’existence du « tempérament égal » (théorie de Mersenne appliquée aux instruments à clavier vers 1660), toutes les tonalités ne sont pas employées. C’est pourquoi les facteurs se permettent-ils d’inverser les touches du clavecin dans la dernière octave grave…

Donc les dièses (ou « feintes ») qui manquent sur le clavier (do#, ré#, fa#, sol#) n’existent pas en tant que tels….

Par contre, des intervalles trop larges habituellement sont ainsi jouables: l’octave do-do sonne telle quelle si on appuie sur les touches mib-do!

Entre 1550 et 1600, les facteurs italiens de Venise (BAFFO) et Florence (TRASUNTINO) conçoivent des instruments plus longs (jusqu’à 2,80m), avec 2 registres: à l’unisson (8′) et à l’octave supérieure (4′).

Le clavecin italien est fragile car sa caisse est « pointue » côté queue; c’est pourquoi l’ensemble de la caisse est logé dans une caisse décorative (« double-caisse »).

Mais début XVIIème, on voit apparaître le clavecin à « fausse double-caisse »: plus épaisse et en peuplier, elle supporte seule la tension des cordes.

Au XVIIIème, de grands compositeurs virtuoses ont des exigences quant à la facture des clavecins (Domenico Scarlatti): les instruments deviennent beaucoup plus grands, de tessiture plus importante et avec des capacités sonores qui vont lui permettre de survivre malgré l’avènement du piano-forte.

Pendant ce temps, on continue de fabriquer des virginals à 1 jeu, qui deviennent des pièces très richement décorées (incrustations de pierres précieuses…)

Les Flandres:

Dès la fin du XVIème siècle (1570), la famille RÜCKERS est prédominante dans toutes les régions situées au nord de l’Italie.

Ces facteurs fabriquent des virginals accordés à l’octave (4′), à la quarte ou à la quinte, des épinettes accordées à l’unisson (8′) et des clavecins.

Le clavecin le plus simple ne comporte encore qu’un seul clavier (4 octaves: mi/do1-do5), à deux rangées de sautereaux avec registres coulissants et deux rangées de cordes (8′ et 4′, appelé aussi « choeur de cordes ») par note. La caisse de ces clavecins est en forme d’aile d’oiseau et très décorés.

Au XVIIIème, il existe aussi un clavecin à 2 claviers : pour une seule touche, il y a 2 rangées de cordes (accordées en 8′ et 4′) pincées par 4 rangées de sautereaux. Chacun des claviers ne « gouverne » que 2 rangées de sautereaux: chaque corde est ainsi pincée par un sautereau de l’un ou l’autre des claviers. Le point de pincement étant différent, il en résulte un très grand contraste de timbre entre ces deux claviers.

Fin XVIIIème, les facteurs BULL et DULCKEN d’Anvers conçoivent des clavecins issus des modèles Rückers mais d’un étendue de 5 octaves.

France, Allemagne et Angleterre:

La prépondérance italienne et flamande est immense.

France: néanmoins, dès le XVIIème, la production française est bien présente: facteurs VAUDRY (clavecins de 1680 à deux claviers et deux jeux de 8′ et 4′), BLANCHET (modèles flamands). Pascal TASKIN passe maître dans l’art du ravalement de clavecins (de facture Rückers notamment), dans l’adaptation d’anciens instruments aux besoins de la musique du XVIIIè (en l’occurrence suite à l’adoption du tempérament égal et dans la conception d’un système de genouillères (permettant de rapides changements de registre).

Allemagne: production de clavecins dès le XVème siècle, mais les instruments qui sont parvenus jusqu’à nous sont plutôt du début XVIème siècle.
Les facteurs HASS et FLEISHER (au XVIIIème siècle) de Hambourg fabriquent surtout des instruments à deux claviers, SILBERMANN (facteur d’orgue renommé pour ses excellentes épinettes) et GRAEBNER en Saxe.

Angleterre: production de clavecins dès le XVIème, cependant de très nombreux clavecins italiens et flamands se trouvent dans ce pays car importés (par exemple, collection d’Henri VIII)…
Ce pays a fabriqué davantage de virginals (de type épinette d’Anvers) que de clavecins.
C’est vers 1609-1619 qu’a été compilé le fameux recueil d’environ 300 pièces pour clavier: the « Fitzwilliam virginal book » (compilation d’oeuvres des compositeurs Byrd, Bull, Farnaby etc).

Début XVIIIème, le facteur flamand Hermann TABEL émigre en Angleterre. Il construit des clavecins à deux claviers (3 rangées de cordes, 4 rangs de sautereaux) et il conçoit d’ingénieux systèmes de pédale (permettant une plus grande rapidité dans les changements de registres), des registres donnant des sons fort divers (« pizzicato », »luth », « nasard »), et des possibilités de nuances grâce à l’ouverture mécanique du couvercle.

Au XIXème siècle, les recherches sur la couleur sonore et la puissance ont pour but d’aider le clavecin à survivre malgré l’ascension fulgurante du « pianoforte »…

Mais en vain: on n’entend plus beaucoup parler de lui depuis la fin du XVIIIème jusqu’à la fin du XIXème.
Du reste, François Couperin (1668-1733) déclarait : « Le clavecin est parfait si l’on considère son étendue et le brillant de sa sonorité; mais comme il est impossible d’enfler ou de réduire le volume sonore, je serai toujours redevable à quiconque contribuera…à rendre cet instrument capable d’expression » (1713).

A ce moment, les facteurs sont très influencés par les prouesses sonores et mécaniques du piano: par exemple, le très renommé facteur de pianos Sébastien ERARD construit son premier clavecin en 1882! Il faut cependant attendre 1945 pour que les facteurs de clavecins renouent avec la tradition: laisser de côté l’ effet de « contrastes » sonores et réapprendre la notion de phrasé, d’ornementation et inflexions rythmiques.

Et de grands interprètes comme Wanda Landowska ont remis cet instrument au goût du jour. Puis Blandine Ranou, Scott Ross etc.

Œuvres du XXème, écrites spécifiquement pour clavecin:
Manuel de Falla: concerto pour clavecin et orchestre de chambre (?)
Francis Poulenc: « Concert champêtre » pour clavecin et orchestre
Elliot Carter: double concerto pour piano, clavecin et 2 orchestres de chambre
Gÿorgÿ Ligeti: « Continuum » et « Hungarian rock »

Comment on passa du tympanon aux instruments à cordes frappées et adjonction d’un clavier…

A l’époque médiévale, on voit l’apparition de la DOULCEMELLE en France (« douce mélodie »), successeur du tympanon, dérivé du

DULCIMER: il est arrivé en Europe à l’époque des Croisades (périples en Asie et Moyen-Orient).

Les cordes (par groupes de 2 ou 3) sont tendues sur une caisse en bois de forme trapézoïdale et sont frappées par deux bâtons se terminant en forme de cuillères.

De nos jours, il est pratiqué en Iran sous le nom de « santir », en Hongrie sous celui de « cembalum ».

L’ECHIQUIER: datant d’environ 1360, utilisé jusqu’au XVIème siècle. Instrument à clavier et cordes frappées; la forme de la caisse ressemble à celle d’une table de jeu d’échecs.

De même, l’alternance noire et blanche de ses touches évoque celle de ce jeu.

Le CLAVICORDE:

Il est fait mention de cet instrument pour la première fois en 1405 dans un poème d’Eberhart Cersne (« Der Minne Regel »). Sa première représentation remonte au XVème siècle en l’église de Shrewsbury (Angleterre): il s’agit d’un instrument à cordes frappées avec clavier.

Configuration: sa caisse est de forme oblongue, et il peut être posé sur une table.

  • Les cordes (en acier ou laiton) sont disposées perpendiculairement au clavier, les plus grosses sur le devant.
  • Les chevilles d’accord sont regroupées sur la droite, le clavier étant donc soit au milieu soit sur la gauche de l’instrument.
  • Les cordes passent sur un chevalet en bois, carré et incurvé (de 3 mm d’épaisseur), collé à la table d’harmonie.La tangente (1 mm d’épaisseur et 5 mm de largeur) joue le rôle d’une frette: elle détermine la longueur de la corde vibrante et engendre sa vibration.

Principe de la mécanique à « tangente »: la touche frappe la corde grâce à une tangente ou lamelle de métal (laiton, bronze) qui est fixée perpendiculairement sur l’extrémité postérieure de la touche; elle forme avec cette dernière un angle droit.
Lorsqu’elle frappe la corde, la tangente la partage et n’en fait vibrer qu’une partie: l’autre est étouffée par une bande de feutre.
Dès que le doigt se retire de la touche, la feutre se replace sur la totalité de la corde.
La hauteur du son dépend de l’endroit où la tangente frappe la corde.
Le bénéfice de cet instrument est de permettre un jeu beaucoup plus expressif qu’avec un clavecin.

Le clavicorde lié

Le plus ancien se trouve au musée instrumental de Leipzig (Allemagne) et date de 1543 ( facteur: Domenico de Pesaro)

Jusqu’au XVIIIème, cet instrument possède plus de touches que de cordes. Une même corde peut ainsi être atteinte par plusieurs touches mais pas au même endroit: le son entendu sera donc différent selon l’emplacement où la corde aura été frappée.

Clavicorde lié allemand

Il contient 4 octaves complètes (48 touches), 23 cordes doubles. Longueur 112 cm.
Il est possible, par une pression des doigts sur la touche, d’obtenir un effet « vibrato » (« Bebung » ou « tremblement »).
En effet, puisque le son ne s’éteint que lors du retrait du doigt de la touche, il est possible d’ effectuer avec la touche un mouvement rapide de va-et-vient.
On peut aussi contrôler précisément les nuances – même si l’usage du pouce était alors proscrit!!!

Cependant, il n’était pas possible de faire entendre simultanément 2 sons différents appartenant à la même corde…
C’est seulement à partir du 1er tiers du XVIIIème siècle que le clavicorde comportera autant de cordes que de touches: il s’agit du « clavicorde libre ».

Le clavicorde « libre »

Aux environ de 1726, le facteur allemand Daniel-Tobias FABER (de Kreilsheim en Saxe) met au point un système affectant une seule touche à chaque corde (clavicorde « libre »). Ainsi, tous les accords de plusieurs sons sont possibles.
Afin d’augmenter le volume sonore, on ajoute aux cordes basses (2 octaves les plus graves) des cordes minces: « choeur de cordes ».
Et pour éviter la vibration intempestive de certaines parties des cordes, on leur applique des étouffoirs en drap.
Etendue moyenne: environ 5 octaves, longueur 171 cm.

On assiste alors à l’éclosion du « style sensible » ou « Empfinsamkeit ». Le plus célèbre représentant est Karl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788), un des nombreux fils de Jean-Sébastien Bach; il publie en 1753 « Versuch über die wahre Art das Klavier zu spielen » (« Essai sur la meilleure manière de jouer sur un clavier »).
Cet instrument est rapidement devenu : « le miroir parfait des nuances de sentiment les plus délicates »…

Clavicorde allemand « libre » de 1774 du facteur de Hambourg (Allemagne) Hieronymus Albrecht HASS.

Un troisième jeu de cordes, donnant l’octave supérieure, est ajouté dans les 22 cordes basses : Clavicorde libre

Le clavicorde ne subira plus de modifications depuis son état de « libre » et sa tessiture de 5 octaves. Mais sa sonorité faible, confidentielle, fait que les variations de nuances ne sont plus assez contrastantes pour exprimer le Romantisme du XIXème siècle. Il va peu à peu être supplanté par le piano.

Et on passa des tangentes aux marteaux…

PIANO: instrument à clavier et cordes frappées par des marteaux.
Le but est d’améliorer la sonorité du clavicorde déjà existant et d(envisager une plus grande amplitude volumétrique.
Etendue du clavier:
XVIème siècle:        fa1 – fa4 (soit 3 octaves)
XVIIème:                 do1 – do5
XVIIIème:                fa0 – fa5 (Beethoven)
A partir de 1817:    do0 – do7
Aujourd’hui:           la-1 – do7 (soit 7 octaves et 1/4…)

Il fut conçu quasiment simultanément en trois endroits différents (Italie, Allemagne et France), et les facteurs ne se connaissaient pas… ce qui prouve l’avidité d’expression des compositeurs européens de l’époque Romantique!
Le besoin est grand d’obtenir un instrument plus puissant que le clavicorde et le clavecin réunis, et capable de décrire les sentiments tumultueux du Romantisme.

1) Italie.

L’italien Carlo GRIMALDI transforme en 1703 un clavecin en « cembalo con marteletti » (fines lames de métal enroulées à leur extrémité pour former un petit renflement qui frappe les cordes.

Présentation vers 1709-1711 d’un « Gravicembalo col piano e forte » par Bartolomeo CRISTOFORI (1653-1731) de Florence. Cet instrument permet des nuances d’intensité grâce au remplacement des becs du clavecin par des marteaux en bois qui sont actionnés par un levier comportant un échappement (il rattrape les marteaux à mi-course) et actionnant les étouffoirs – qu’il éloigne des cordes. L’intensité varie selon la force appliquée aux touches.

Conception:

  • 2 cordes par note,
  • Echappement (le marteau est obligé de revenir sans à-coup à son point de départ),
  • Etouffoirs qui coupent la vibration sitôt le doigt retiré de la touche.

2) France.

Jean MARIUS présente vers 1713 à l’Académie des Sciences de Paris les plans d’un « clavecin à maillets » (dont la caisse ressemblait fort à celle de cet instrument); ses cordes n’étaient plus installées parallèlement au clavier et les cordes étaient frappées par une tangente fixe. Mécanique sans étouffoirs ni échappement (le marteau est fixé à la touche et redescend par son propre poids).

La manufacture de Sébastien et Jean-Baptiste ERARD est créée en 1780 à Paris.

Construction du premier piano à queue en 1797, invention du « simple échappement et étrier » en 1809, du « double échappement » en 1822. Invention de la barre d’harmonie en 1838.

N.B.: Le pianiste virtuose Frédéric Chopin leur réclame des pianos de concert, ce qui élargit leur créneau « pianos droits »

Johann-Heinrich PAPA (1789-1875, allemand naturalisé français) invente entre autres la mécanique par-dessus les cordes (1816) et les marteaux recouverts de feutre (1826). Il dépose en 1826 un brevet pour l’utilisation d’un sommier en fonte fondu d’une seule pièce. Il existe un piano à 8 octaves en 1842.

Joseph-Gabriel RAMEAU (1824-1903) ouvre ses portes en 1847.

Claude MONATAL (en France) invente en 1862 la 3ème pédale « de prolongement » ou « sostenuto » (permettant le relèvement sélectif des étouffoirs).

3) Allemagne.

Christoph Gottlieb SCHRÖTER conçoit une nouvelle mécanique. Les marteaux sont vissés sur le côté de la touche, leur tige repose sur un levier intermédiaire pivotant dont une extrémité heurte le fond de la caisse quand on enfonce une touche.

Il fait connaître lui aussi un modèle de « clavecin à maillets » (ou dulcimer amélioré) en 1722 à Dresde, inspiré du tympanon ou « Pantaléon » (1705) de l’allemand Pantaléon HEBENSTREIT (1667-1750): instrument à cordes frappées par deux baguettes. Les étouffoirs tombent au moment où le marteau frappe la corde et s’en échappe: la manière unique de jeu est « staccato » puisqu’il est impossible de faire durer le son.

Gottfried SILBERMANN (1683-1753) tente d’améliorer la mécanique de B. CRISTOFORI.

En 1736, il présente un « Hammerklavier » (ou « clavier à marteaux ») à Jean-Sébastien Bach qui trouve le toucher lourd et les aigus trop faibles, mais les juge satisfaisants en 1747. Tous les pianos de l’époque étaient à queue, conformément à la caisse du clavecin (cordes dans le prolongement des touches).

Dans la deuxième moitié du XVIIIème, la forme du piano devient rectangulaire, les cordes redeviennent parallèles au clavier: l’instrument devient plus petit. Construction de pianos verticaux (« piano girafe » par le facteur FRIEDERICI de Gera, »piano droit » par Hawkins, « piano pyramidal », « piano triangulaire » par Johannes SCHMAHL, « piano rectangulaire » ou « carré » par Johannes ZUMPE (1735-1783).

Certains facteurs donnent à leurs pianos des jeux issus du clavecin (en Angleterre, jeu de luth, « venitian swell »). Ou des jeux de sourdine, de transposition (Johannes Schmahl). En 1783, John BROADWOOD introduit l’usage de la pédale soulevant les étouffoirs (le premier compositeur à s’en servir est John Field (1782-1837), auteur des premiers « Nocturnes » pour piano, avant Frédéric Chopin).

La tension des cordes sur la table d’harmonie était très forte (20 tonnes sur un piano moderne), on la renforça donc à partir de1777 par un barrage garni de barres tubulaires, par le placement au-dessus des cordes de barres métalliques parallèles aux cordes ou « cadre métallique » (John BROADWOOD en 1815, Sébastien ERARD en 1822): le diamètre des cordes est multiplié par 3!

Le premier cadre moulé d’un bloc et entièrement en fonte apparu en 1825 grâce à l’américain Alpheus BABCOCK (Boston). Pierre ERARD construit en 1839 un sommier en bonze d’une grande stabilité.

D’où l’utilisation de cordes plus grosses, plus longues.

A partir des années 1810, les exigences des compositeurs en matières de puissance et de couleur sonore sont très grandes.

En Allemagne, les firmes les plus connues sont STEIN (préférée de W.A. Mozart, 1756-1791) et GRAF (préférée de Ludwig van Beehoven, 1770-1827).

Ignaz BÖSENDORFER (1794-1859) s’installe à Vienne en 1828. Franz Liszt appréciera énormément leur robustesse et la qualité de leur sonorité, qu’il diffusera à travers ses innombrables tournées de concert en Europe.

Evolution de la Mécanique en quelques exemples

  • « Action simple » (utilisée sur les premiers pianos de CRISTOFORI, SILBERMANN, ZUMPE – élève de Silbermann): le marteau est dorénavant fixé sur le cadre et non directement sur la touche.
  • 1726: CRISTOFORI crée l’ « action double », à savoir la « mécanique à pilote »: lorsque la touche est enfoncée, le pilote actionne un levier qui donne l’impulsion au marteau (cf. « pianos carrés » de Muzio CLEMENTI en 1809).
  •  Sébastien ERARD (1752-1831, Paris) Invention de ma mécanique à « double pilote » en 1786, en 1794 perfectionne l' »échappement simple »: le marteau se libère du pilote à 2 mm de la corde. L’attaque du marteau est plus précise, l’intensité des sons dépend du degré d’enfoncement de la touche, mais la répétition rapide n’est pas encore possible.
  •  En 1817, Ludwig van Beethoven déplore auprès de son éditeur von Steiner la disparition du terme « pianoforte ». Il le remplace donc par « Hammerklavier » et compose en sa première sonate « Für das Hammerklavier » (opus 101).
  • 1822: Sébastien ERARD crée le « double échappement » sur le piano à queue. En 1843, ce système est appliqué par Pierre ERARD sur le piano droit.

On a aussi des essais en Allemagne de « Stossmechanik » (marteau attaché sur le cadre) et de « Prellmechanik » (marteau attaché sur la touche) – le marteau pivote dans une fourche fixée à la touche, la tête des marteaux est recouverte de cuir et située face au pianiste, le restant de la mécanique étant éloigné. La noix du marteau (forme de bec) s’insère dans un rail; le marteau est libéré et lancé tandis que le bec s’échappe du rail.

La « Prellmechanik » est dotée vers 1770 d’un échappement par Johannes Andreas STEIN d’Hambourg (1728-1792), élève de Silbermann. Son gendre, Andreas STREICHER, transfère en 1794 à Vienne (Autriche) la fabrique Stein. La « Prellmechanik » devient la « mécanique viennoise » et l’instrument préféré de W. A. Mozart, L. van Beethoven, Karl Maria von Weber.

Les étouffoirs subirent eux aussi une évolution radicale. D’une simple pièce de bois munie d’un bout de feutre à son extrémité jusqu’en 1830, on arrive à une mécanique « à lames » ( vers 1820) qui étouffe par-dessous et celle « à baïonnette » qui étouffe par-dessus.

Différentes formes de pianos

1) Droits

Différents essais eurent lieu avant l’invention du piano droit actuel. En 1735, on a les pianos « pyramides » ou « girafes »: la caisse est soulevée et placée verticalement au-dessus du clavier.
Puis on eut l’idée vers 1811 de poser cette caisse par terre (facteur R. WORNUM: piano « cottage »). Mais la longueur raccourcie des cordes fait pâtir la sonorité et la puissance.
Jean-Henri PAPE invente en 1828 le croisement des cordes pour gagner de la place (et passant toutes par le centre de la table d’harmonie, la puissance est accrue ainsi que la production des harmoniques naturelles). En 1842, il invente le minuscule « piano console » ou « chiffonnier ».
Le premier piano droit a vu le jour en 1800 (facteur américain Isaac HAWKINS de Philadelphie et aussi Matthias MüLLER de Vienne): les cordes sont disposées parallèlement (non croisées) à la verticale.

2) Carré

Inventés vers 1740 et créés vers 1765 par les facteurs allemands ZUMPE et KIRCKMANN (installés en Angleterre après la guerre des Sept ans, 1756-1763), et FRIEDERICI. Evolution rapide suite à l’arrivée de Jean-Chrétien Bach en Angleterre en 1762 et à la série de concerts qu’il créa – les recherches ne concernaient jusque-là que les pianos longs (à queue).
ZUMPE inventa le piano « carré » ( en réalité rectangulaire!), issu de la forme du « virginal ». Sa sonorité était très douce et le toucher permettait une grande vélocité, son prix était très bon marché et ses dimensions réduites en faisaient l’instrument idéal pour toutes les demeures. Il subit les aléas de la mode, avec des pieds fuselés sous Louis XVI, ou en forme de colonne sous Napoléon, ou bien encore croisés sous Charles X; pianos « tables » ou « guéridons » de J.H. Pape, fabriqués dans des bois exotiques et de métaux précieux, le tout devant s’harmoniser avec le restant du mobilier.
Sébastien ERARD (premier fabriqué en 1777). La firme en fabrique jusqu’environ 1880.

  • 1782 (facteurs hollandais MEYNCKE et Pieter MEYER d’Amsterdam). Un jeu « forte »est actionné par 2 leviers: ils soulèvent les étouffoirs et sont chacun affectés à une moitié du clavier. Cordes parallèles au clavier, marteaux en cuir. Longueur 147,5 cm. 5 octaves.
  • 1783 ( de style Louis XIV, facteur Johann Gottlob WAGNER de Dresde, Allemagne, élève de Gottfried Silbermann). Ici, 4 registres (sourdine, « forte », grand « forte » et luth). Echappement par lames réglables.

4 octaves et une quinte. Longueur 111 cm.

3) Triangulaire d’environ 1770, en forme d’épinette (facteur Johannes SCHMAHL). Les cordes sont parallèles au clavier, les marteaux en cuir sont enfilés sur une corde qui est tendue par une cheville. Une seule corde par touche, 5 registres (une sourdine avec ruban de soie, une sourdine en feutre, un jeu de luth, un « forte » et un transpositeur). Longueur 118 cm.

4) A queue (facteur allemand Jean-André STEIN). Mozart vantait la qualité et l’égalité de son ainsi que la solidité de ses instruments. Ici, les étouffoirs sont soulevés par une genouillère (genou droit ou gauche). A partir de 1789, Stein remplacera la genouillère par une pédale.

Etendue 5 octaves, longueur 215 cm.

Formes et concepts divers:

  • En 1774, l’anglais MERLIN conçoit un hybride piano-clavecin à 2 claviers !
  • En 1836, l’anglais WHEASTONE (inventeur de la télégraphie électrique) tente de maintenir la durée des sons en insufflant de l’air par une ouverture pratiquée dans chaque corde, permettant ainsi la continuation de la vibration après que le marteau l’a quittée…
  • En 1849, MATHUSECK (élève de Pape à Paris) conçoit un appareil permettant l’accélération de la fabrication des pianos : c’est l’époque de la révolution industrielle.
  • En 1851, l’Exposition universelle a lieu à Londres et renferme une section internationale « piano ».
  • En 1886: Paul von JONKO invente un piano à 6 claviers étagés (voir photo). Ce système permet de frapper la même corde à partir de 3 touches différentes, appartenant chacune à 3 claviers différents. Les 4 étages supérieurs répètent deux fois les deux claviers inférieurs, ce qui qui autorise des intervalles immensément grands et des effets de glissandi chromatiques. Les touches sont arrondies et étroites. Hauteur du piano: 147 cm.
  • Le facteur WOLFEL crée fin XIXème un piano (et un clavier) en forme d’arc afin de « rapprocher » les notes extrêmes!
  • Vers 1856, la firme anglaise de Leeds HOPKINSON sort un piano muni d’un système de trémolo.
  • Henryk Wieniawski, violoniste virtuose professeur au Conservatoire de Bruxelles, souhaitait un piano d’où seraient évités les croisements des mains: les frères MANGEOT de Nancy créèrent en 1878 un piano à deux claviers renversés (le 2è ayant les touches et les cordes inversés).
  • Gustave LYON invente un piano pour les œuvres nécessitant 2 pianos: il les réunit en 1 seul, sur une table d’harmonie unique.
  • L’ingénieur HANS (Bruxelles, pour la firme Pleyel de Paris): création avant 1940 d’un piano à double clavier permettant la simplification à l’exécution de partitions chromatiques difficiles. Les touches identiques du premier et deuxième claviers sont accordées à distance d’un ½ ton. Le clavier supérieur est indépendant; cependant, en jouant sur le clavier inférieur un « do4 », la touche « si4 » du clavier supérieur fonctionne automatiquement.
  • Piano mécanique (marteaux actionnés par un cylindre),
  • Piano pneumatique (une bande perforée remplace le cylindre),
  • Piano « préparé » (objets divers placés dans le corps du piano pour en dénaturer le son: gommes, objets en métal). Compositeur principal: John Cage
  • Piano électrique.
  • Piano accordé en ¼ de ton (pour la musique contemporaine du XXème siècle.

Fin XIXème-XXème siècles

Après les années de crise (en France par exemple, révolution de 1848, monarchie de Juillet, guerre de 1870) et la concurrence acharnée entre firmes françaises, allemandes, anglaises et américaines, on voit l’émergence de trois grandes firmes en Europe:

  • Friedrich Wilhelm Karl BECHSTEIN (1826-1900) à Berlin à partir de 1853.
  • Julius BLÜTHNER (1824-1910) à Leipzig à partir de 1853. Concepteur exclusif d’une 4ème corde parallèle dans les aigus et vibrant par sympathie (accordée à l’octave supérieure dans les médium et à l’unisson dans les suraigus).
  • Friedrich GROTRIAN (1803-1860) associé à STEINWEG, Friedrich THEODOR (1825-1881) à Brunswick à partir de 1858.

En 1853, Heinrich Engelhart STEINWEG émigre aux Etats-Unis et devient « STEINWAY ». Après le créneau « piano carré », il exploite celui du « piano à queue » dès 1859 (cordes croisées en éventail) et celui du « piano droit » en 1863 ( cordes croisées).

Grâce aux talents modernisateurs de ses fils (Karl Friedrich Theodor et William), plus de 40 brevets d’inventions sont déposés et ils associent de grands virtuoses à la promotion de leurs instruments (Anton Rubinstein, Ignaz Paderewski).

Leur succursale de Hambourg est ouverte en 1880:

Steinway_Art_Case_Grand_Piano_Hamburg_1899
Hambourg (1899)
(http://www.periodpiano.com)

Dès 1887, le Japon se lance lui aussi dans la concurrence: fabriques de Torakusu YAMAHA (1851-1916), KAWAI en 1925. Ces entreprises proposent des prix hyper compétitifs grâce à une mécanisation plus systématique et une main-d’œuvre peu onéreuse…

De nos jours, il existe des fabriques dans de très nombreux pays: France (Rameau, Gaveau), Italie (Mussard, Fazzioli), Angleterre (Kemble, Broadwood), Allemagne (Steinway, Bösendorfer, Hupfeld, Ronisch), et même d’Asie: Corée (Daewoo, Hyundaï), Chine (usines à consonance allemande: Carl Ebel, Rippen), république tchèque (usines là aussi à consonance allemande: Blondel, Rossler) et Japon (Yamaha, Kawaï). Mais la qualité est parfois fort douteuse!

Premières œuvres pour piano:

  • 1731 par Ludovico de Pistoia (12 sonates)
  • Puis des œuvres « pour le clavecin ou le pianoforte »
  • Mozart lui-même, pratiquant les « mécaniques viennoises », a-t-il écrit telle œuvre pour clavecin ou pour pianoforte?…
  • A partir de 1770, Muzio Clementi s’installe en Angleterre et compose ses Sonates pour clavecin et pianoforte, s’impose comme virtuose du piano, publie en 1817 « Gradus ad Parnassum » (études pour le piano) et devient facteur de pianos.
  • Dès l’invention du double échappement, le piano sera l’instrument à clavier de prédilection des pianistes virtuoses du Romantisme.

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